Communiqué
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Victorine Cyenda : « J’avais très peur des policiers, aujourd’hui je peux m’asseoir avec eux et dialoguer »

Victorine Cyenda : « J’avais très peur des policiers, aujourd’hui je peux m’asseoir avec eux et dialoguer »

 

Depuis 2015, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) accompagne la République Démocratique du Congo (RDC) dans la mise en œuvre de projets de police de proximité et professionnalisation de la police à Mbuji-Mayi (Province du Kasaï-Oriental) et à Lubumbashi (Province du Haut-Katanga). Ces projets sont en ligne avec le programme prioritaire du gouvernement congolais relatif à la réforme de la police nationale.

Entre 2015 et 2019, l’OIM a appuyé la formation 383 policiers de la commune de Bipemba et de 275 policiers de la commune de la Muya à Mbuji-Mayi.

Les bénéficiaires ont été formés sur les modes d’actions de la police de proximité pour maintenir l’ordre et assurer la paix sociale. La formation portait spécifiquement sur les modes d’intervention de la police pour la résolution des problèmes et la gestion des conflits mais également sur la participation de la police aux réunions des conseils locaux pour la sécurité de proximité, et aux forums de quartiers.

L’objectif de ces formations est de renforcer la sécurité des populations tout en instaurant un climat de confiance avec la police.  D’après une évaluation du projet réalisée par l’ONG suisse Coginta en 2017, l’introduction de la police de proximité à Mbuji Mayi a eu un impact très positif sur la sécurité des résidents. Ainsi, le taux d’insécurité a chuté de 65.6%. Par ailleurs,  cette évaluation a mis en valeur le renforcement de la confiance à l’égard de cette nouvelle police de proximité comme en témoigne le taux d’opinions positives sur la qualité du travail de la police qui a doublé en un peu plus d’un an. Enfin, le taux de satisfaction lors d’un contact avec la police s’est envolé de 212%, renseigne le rapport.

Quelques témoignages recueillis par les équipes de l’OIM à Mbuji-Mayi étayent cette étude. 

Victorine Cyenda, 51 ans et femme au foyer, vit depuis 23 ans à Kabongo wa Misesa, un quartier de la commune de la Muya à Mbuji-Mayi. Elle a été témoin de cette mutation de la police. Elle affirme faire de nouveau confiance à la police après la mise en œuvre du projet de police de proximité et professionnalisation de la police dans sa commune.

Témoignage :

 «  La peur de la police congolaise »

« J’avais très peur des policiers depuis mon enfance, surtout quand je suivais à la radio ou même parfois j’apprenais que dans tel endroit, les hommes en uniforme avaient violé les femmes ou les jeunes filles…ça me faisait très peur de rencontrer un policier en route ou au bureau. L’idée de se retrouver un jour face à un policier me flanquer la trouille ou me faisait très peur. Je ne voyais pas dans le policier de ma ville une personne bienveillante avec qui on peut parler, à qui tu peux poser ton problème et espérer en retour obtenir de sa part une solution. Après tout ce que j’ai appris et entendu, il était clair dans mon esprit que les policiers nous prenaient pour leurs proies ».

« Ma perception de la police a changé récemment, lorsque deux policiers ont ramené mon mari ivre à la maison »

 « Il y a une semaine mon mari rentrait tard à la maison, il avait pris un verre de trop, deux éléments de la Police de proximité l’ont pris par la main et l’ont accompagné jusqu’à chez-moi. Ils n’ont rien réclamé en retour. C’est moi-même qui les ai suppliés d’accepter de prendre un peu de café comme c’était la nuit. Depuis, ma perception sur la police  a complément changé. J’ai par la suite appris que ces policiers sortaient d’une formation sur la police de proximité. J’ai depuis pris goût à les approcher. Je suis moi-même surprise de m’asseoir et dialoguer avec eux. Ça c’est pour une troisième fois que je participe au forum de quartiers (c’est des choses qu’on ne connaissait pas). J’ai pris l’habitude de parler avec les hommes en uniforme, et ma peur se dissipe progressivement. Ce que je vois est que les actuels policiers (allusion faite ici aux policiers de proximité), sont ordonnés : ils ne demandent pas l’argent, ils nous respectent. Bref, ce sont des gens qui connaissent leur travail ».

« Si cette façon de faire continue, je crois que notre société connaitra des avancées »

J’aimerais que la police me traite de la même manière lorsque je me retrouve dans toutes les provinces de mon pays. C’est dommage que seuls les policiers de la province du Kasaï-Oriental aient bénéficié de cette formation sur la police de proximité. Nous voulons que ça se passe dans toutes les provinces. Si cette façon de travailler pouvait continuer, je crois que notre société connaitrait des avancées ».